La matière comme langue – Carnet de bord -
- Christie Eyraud
- il y a 18 heures
- 1 min de lecture

Il y a des langues qui ne s’écrivent pas,des langages anciens qui passent par les mains,par la chaleur, la texture, le poids d’une fibre ou le chant sourd du métal.
Cette semaine, à l’atelier, j’ai tendu l’oreille.Pas vers le tumulte du monde, mais vers ce que disent les matières.Ce qu’elles murmurent, ce qu’elles résistent, ce qu’elles acceptent.

Le cuivre m’a parlé de mémoire.Sous le marteau, il chante, mais il ne ment pas.Il garde les traces, les cicatrices, les anciennes vies qu’il a portées.Je les écoute. Et je compose avec.Bijoux telluriques, forgés dans l’oubli et la renaissance.
Les fibres, elles, chuchotent des sortilèges.Elles ne crient jamais.Elles enveloppent, réconfortent, se laissent filer entre les doigts comme des pensées sauvées du vent.Chaque nappe est une rêverie, chaque fil, un souffle.Le rouet tourne et c’est le monde qui ralentit.

Et puis, il y a les apprêts. Ces détails qu’on croit invisibles.Les crochets, les tiges, les cercles minuscules…Moi, je les façonne un à un.En argent ou en or laminé, mais surtout avec le souci du juste, du fait-main, de l’intention.Car un bijou commence là : dans ce petit geste invisible, mais sincère.

Travailler la matière, pour moi, ce n’est pas seulement produire.C’est converser.Avec elle. Avec ce qu’elle a vécu. Avec ce qu’elle me permet de transmettre.
La matière est ma langue.Et chaque pièce, un fragment de phrase.
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