Naissance d’un fil – Robin & Gaston
- Christie Eyraud
- 8 juin
- 2 min de lecture
Le 8 mai dernier, dans une prairie du Jura, la tondeuse a vrombi. Les moutons de Mathieu ont été tondus un à un, dans une sorte de danse silencieuse entre le tondeur et l’animal.Un geste fluide, ancien, précis — un corps à corps sans violence, juste un rituel de saison.
Ce jour-là, j’ai trié avec soin et récupéré une partie des toisons. Elles étaient encore chaudes du dos des bêtes, pleines de foin, de petites brindilles et d’odeur de suint.Depuis, une partie a été triée, lavée, puis aujourd’hui cardée et filée.

La laine, encore grasse, est passée entre mes mains, mèche après mèche.
On la sent vivre entre les doigts, même trempée, même essorée.
Elle s’ouvre, elle murmure. Et peu à peu, elle se laisse apprivoiser.


Les nappes se forment, moelleuses, feutrées, denses et aériennes tout à la fois.

Puis vient le rouet, celui dédié aux apprentissages à l’atelier.
C’est sur lui que le fil a pris forme aujourd’hui — un fil encore irrégulier, mais déjà habité.
Il est le tout premier.
Le tout premier fil 100 % Petite Montagne, de l’élevage à la transformation.
Et surtout, le tout premier à porter un nom.

Ce fil s’appelle Robin & Gaston, comme un clin d’œil tendre aux deux fils de l’éleveur,
Mathieu.
Il inaugure une série de fils locaux, transformés à l’atelier, chacun baptisé d’un prénom,
d’un lieu, d’un lien.
Parce que derrière chaque mèche, il y a une histoire.
Et derrière chaque fil, un visage.

Il est vivant. Il sent encore un peu le suint. Et il tisse déjà, en silence, un lien entre le territoire, les bêtes et les mains.
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